I- Hommes de joie
Selon Alexandre Jollien, nul n’échappe aux apparences, car les hommes sont victimes de préjugés, mais l’idéal est de ne pas s’y tenir, de les dépasser pour analyser tout ce qui nous entoure. La commisération est due à un jugement, c’est pourquoi il la refuse. Tout comme Spinoza, il classe les hommes en deux catégories : ceux qui « aiment mieux prendre en haine ou en dérision les passions et les actions des hommes » et ceux qui veulent les comprendre (cf Malebranche qui esxplique que les hommes ne veulent souvent pas se donner la peine de réfléchir et de comprendre).
Ensuite, les termes indépendance et liberté sont pour lui differents, dans la mesure où l’indépendance sous-entend que le regard des autres est relativement important et qu’il faut dresser un rempart entre soi et l’autre. La liberté, quant à elle, consiste à négocier la distance qui nous sépare de l’autre. Cette distance varie selon la confiance que l’on accorde aux personnes que nous connaissons. Le jugement est la mauvaise distance. En effet elle vise à rapprocher les autres de nos points de vue, de nos valeurs, de notre pensée, sans le laisser penser par lui-même. On voudrait que chacun ait la même vision des choses que nous, car cela nous rassurerait (cf ethnocentrisme/peur de la vérité/ peur du regard des autres d'où désir de reconnaissance cf Sartre).
Alexandre Jollien vient également à critiquer la définition actuelle du bonheur qui tend à valoriser l’hédonisme et l’absence de tristesse, ce qui est d’une pauvreté incommensurable, exubérante. Il lui préfère la joie qui inclut les peines et les difficultés. « Etre joyeux, c’est assumer la tristesse. Le bonheur est belliqueux, la joie fait la paix ». L'esprit de l'homme se forge à travers notre bonheur, mais aussi nos peines, comme le souligne Proust.
Enfin, la création apparaît à travers ses propos comme une libération, car nous ne contrôlons plus rien, nous nous laissons guider sans savoir par quoi, ni comment. Ici, l’homme ne maîtrise pas ses actes : inconscient freudien(critique du libre arbitre de Sartre et Bergson) ? illusion de liberté spinoziste?
II- Tenir tête à la mort
Patrick Declerck, atteint d’une tumeur au cerveau, commence par présenter la mort telle la dernière banalité. Mais ce savoir peut devenir un piège dans le cas où l’on sait que l’on est amené à décéder dans un laps de temps restreint. En effet, on devient obnubilé, tourmenté incessamment par cette mort et notre conscience devient une torture: principe d' hyperréalité.
Pour trouver une alternative à cette angoisse permanente du non-sens, l’homme est souvent attiré par la solution de trouver un coupable (imaginaire), solution devenue besoin dans notre société car il nous est difficile d’admettre que notre mort n’à aucun sens…Notre mort, comme notre vie, est « idiote et gratuite ». L’homme n’y peut rien et doit renoncer à l’illusion de commander la réalité concrète par notre simple volonté car ces déterminismes le dépassent. La médecine actuelle ne fait que prolonger la souffrance d’une vie entachée par la maladie. Peu à peu, le malade finit par accepter l’inacceptable : sa lente descente vers la mort, qui nous attend tous, fatalité de la condition humaine.
Par la suite, il traite d’une des manières de terminer sa vie : y mettre fin par ses propres moyens (c’est une façon comme une autre après tout) plutôt que d’attendre que la mort ne nous rattrape d’elle même. La mort libre. Comme Sénèque le disait, « c’est bien peu de choses que la vie, mais c’est une chose immense que le mépris de la vie. ». D’un point de vue métaphysique, ce mépris est une chose néfaste, certes, mais n’est-il pas aussi une ouverture vers une forme de liberté supérieure ? Malgré la présence de nos proches, attendre la mort nous donne un sentiment de solitude et le fait de savoir que l’on peut mourir des qu’on le désire atténue notre angoisse. Pour échapper à notre conscience qui nous rappelle que notre mort approche inexorablement, l’écriture et la recherche de l’esthétique lui paraissent être les seuls remèdes. Profiter de la vie peut sembler être la meilleure chose à faire avant de mourir, mais le divertissement n’est qu’un plaisir éphémère(le stade le plus élevé de notre liberté n'est atteint que par nos connaissances et nos désirs ne doivent pas tous être satisfaits cf Platon ou Descartes:" il vaut mieux changer ses désirs que l'ordre du monde").
« Mourir, c’est apprendre à philosopher ». La philosophie apprend à vivre mieux et à ne pas mourir sans vie. La mort n’est pas à redouter. La voix de la raison est l’unique chemin que nous pouvons suivre et non celui de l’affect, car il est contraire à la pensée et donc à la philosophie(cf Descartes:la pensée est l'essence de l'homme).
Enfin, Declerck insiste sur le fait que notre volonté n’est qu’illusion.