"Tenir tête à la mort" entretien entre philo mag et P.Declerck
Il s'agit-là d'un témoignage très particulier d'un ancien psychanalyste au seuil de sa mort.Cet homme se meurt d'une tumeur au cerveau, ce qu'il appelle une "hypertrophie de la connaissance". Comment voit-il la vie quand cette dernière est menacée?
Il pense tout d'abord qu'il est difficile et particulier de savoir qu'il va mourir rapidement "horrible excès de savoir". Etant donné qu'il n'en connaît pas la cause, il s'est lancé à la recherche d'un coupable pour combler l'angoisse du non-sens (punition? mauvais style de vie? malaise existentiel?) Il en conclue que la mort n'a pas plus de sens que la naissance. Il condamne l'optimisme face à la maladie et préfère parler de fatalité. (on sent bien ici l'homme sur son lit de mort). Il préfère mourir rapidement plutôt que de laisser traîner. C'est donc logiquement qu'il aborde le suicide, "mort libre". Il y pense sérieusement, ce qui, paradoxalement, l'aide à vivre. Le suicide, pour lui, nest pas un vulgaire mépris de la vie mais plutôt l'exercice d'une liberté supérieure. Sénèque le disait également : "ce qui est bien, ce n'est pas de vivre, mais de vivre bien" "bien mourir, c'est se soustraire au danger de vivre mal". En fait, mieux vaut mourir par soi-même au lieu de de sa laisser mourir lamentablement. C'est dans cet état d'esprit qu'il achève son livre. Ecrire lui permet d'échapper au déterminisme aveugle, ne serait-ce qu'un laps de temps.Il ne lutte pas contre sa tumeur mais contre le temps. Finalement, il en conclue que mourir, c'est apprendre à philosopher et que, par la philosophie, la peur de la mort s'atténue.
La mort rend extralucide dans son cas.