La technique accroit-elle notre liberté ?
Technique : moyen en vue d’une fin
Accroissement : quantitatif ou qualitatif ?
Liberté : libre-arbitre ou compréhension de la nécessité ?
I la technique source de liberté ?
1- La technique comme produit de l’intelligence humaine : capacité d’analyser nos besoins et d’y répondre par des moyens appropriés. Libération de l’homme à l’égard des contraintes naturelles (=survie) cf Bergson sur l’intelligence, l’homme comme « homo faber » tourné vers l’action.
2- Invention d’outils, d’outils destinés à créer d’autres outils, source de « maitrise » sur la nature (Descartes), liberté créatrice, imagination sans fin. C’est notre liberté qui accroit ici les techniques et non l’inverse : invention de nouveaux moyens (gain de productivité, rapidité, moindre fatigue ..), possibilité d’atteindre de nouvelles fins (progrès médicaux)
II Illusion de liberté ?
1- Cette liberté est cependant toujours conditionnée par nos besoins : recherche de l’efficacité (Bergson, distinction technique-art). La technique accroit notre pouvoir sur le monde qui nous entoure mais ce pouvoir a lui-même des limites : A-t-il une fin en dehors de l’innovation technique elle-même ? Critique de Heidegger
2- La limite : la nature elle-même : Jusqu’où va notre pouvoir sur elle ? Critique spinoziste de la liberté comme libre-arbitre. Pour Spinoza la vraie liberté est l’accord avec la Nécessité, càd l’accord avec les lois de la nature dont l’homme fait partie intégrante (il n’en est pas comme il le croit un acteur extérieur « maître et possesseur » selon la formule de Descartes). La technique , en accord avec la nature (et non en conflit avec) exprime cette liberté humaine.
III- Faut-il agir sur le rapport technique-liberté ?
1- L’homme dépossédé de son travail (Marx), la production d’un monde « jetable » (Arendt), la confusion travail-technique (œuvre) : est-ce une fatalité (« c’est le progrès ! ») ou les hommes peuvent-ils, doivent-ils tenter de modifier cette relation : Idéal révolutionnaire (Marx) ou est-ce impossible ? (déterminisme social, historique)
2- La technique source de liberté, source de responsabilités nouvelles : Responsabilités à l’égard d’êtres « vulnérables » (H. Jonas), questions bioéthiques … Accroissement quantitatif de « libertés » mais qui sont source d’angoisse (Sartre) : doit-on réaliser ce qui est techniquement accessible ?
3- Paradoxe : Invention de techniques destinées à accroitre notre action sur la nature, qu’il faut ensuite s’employer à réduire, par des lois morales (impératif catégorique kantien) ou par des lois politiques (lois bioéthiques 1993-2000). Pb d’éthique personnelle : être libre ce n’est pas se soumettre à tous les désirs que la technique nous permet d’assouvir. C’est obéir à sa volonté (Descartes) : En ce sens la servitude à l’égard de la technique reste volontaire.