La culture nous humanise-t-elle ?
Quelle « culture » ?
- Culture s’oppose à nature (inné, héréditaire, instinctif). cf définition de Malinowski (livre).
G. Bataille écrit que l’homme est l’animal qui ne se contente pas de s’adapter à la nature mais qui « nie le donné naturel » pour « construire le monde humain », à son image, fruit de son intelligence (techniques, mœurs, règles de vie). (Cf la comparaison avec l’enfant sauvage) : L’homme devient humain, s’humanise donc nécessairement à travers la culture. Pas d’humanité en dehors de la culture.
- Cultivés ou civilisés ? cf distinction kantienne : « Nous sommes hautement cultivés dans le domaine de l'art et de la science. Nous sommes civilisés, au point d'en être accablés, pour ce qui est de l'urbanité et des bienséances sociales de tout ordre. »
- Moralisés ? « Mais quant à nous considérer comme déjà moralisés, il s'en faut encore de beaucoup. »(cf la distinction kantienne entre respect intéressé et respect véritables càd désintéressé)
-Culture au sens de connaissances acquises, capacité de réflexion personnelle, esprit critique (cf Malebranche, Kant « majorité »).
Où situer « l’humanité » ? Suffit-il d’être cultivé (par opposition au naturel), civilisé ? Faut-il aller au-delà ? Sens moral du concept d’humanité. (moralisés, penser par soi-même) ?
Un monde culturel est-il nécessairement « humain » (sens moral) ?
Cf réflexion sur la technique comme oubli des fins au profit des moyens (cours sur Heidegger, Arendt) : Si la technique devient elle-même une fin, il y a « oubli de l’être », l’homme n’est plus la fin de la technique. Cf aussi la réflexion sur le travail : Marx, Weil. Pour Marx le travail est « dépossession », pour S. Weil, il réduit l’homme au rang de machine (forcé de se plier à sa « cadence »). En ce sens, paradoxalement, c’est la culture, à travers le progrès technique, qui devient elle-même la cause de la déshumanisation. Cf la critique de Heidegger concernant le progrès pour le progrès ou celle d’Arendt sur « la dévaluation sans limite de tout ». Seul l’art, comme forme culturelle supérieure, serait capable d’échapper à cette dévaluation.
On peut aussi poser la question autrement : la culture nous donne les outils de la pensée personnelle. C’est par cette pensée authentiquement personnelle que l’homme s’humanise càd qu’il échappe au conformisme de la pensée, aux préjugés (Malebranche, Descartes, Kant). L’humanisation est-elle de la responsabilité personnelle ? Chacun est responsable de l’usage de sa raison (refuser de se laisser guider « comme un aveugle » -Malebranche-, refuser de rester dans la « minorité, par paresse ou par lâcheté » -Kant-)