L'homme est-il par nature un être religieux ?
Le sujet nous interroge sur la nature de l'homme : est-ce que la "religiosité" en fait ou non partie ?
Est-ce une attitude innée, inscrite dans notre nature donc universelle ou bien est-ce un comportement culturel, acquis, transmis à travers notre héritage culturel et donc dans ce cas un phénomène variable ?
Partir de la double définition de la religion :
- relation directe, intime avec un "être transcendant", un "dieu"
- relation avec une communauté partageant les mêmes croyances.
Attention à bien discerner ce qui relève du "fait" et ce qui relève de la nature :
Certes bp d'hommes dansle monde ont des pratiques religieuses = constat d'un fait
mais on ne peut pas en déduire que ce fait a nécessairement une cause naturelle.
On pouvait traiter ce sujet en argumentant l'universalité du fait religieux, le besoin universel des hommes d'obtenir des réponses à leurs interrogations et spécialement face à la peur de la mort, le besoin de protection (le père) ... De là on pouvait en effet supposer un besoin d'une référence à un être transcendant comme principe d'explication et protecteur.
certains d'entre vous ont aussi pensé au 2ème sens du mot religion et on fait le lien avec la question de l'origine des sociétés humaines : Si l'homme a par nature besoin de ses semblables (sociabilité), alors il a besoin d'être relié à eux par des coutûmes, croyances qui unissent le groupe, le renforcent.
Une référence complémentaire, à Auguste COMTE (19ème) qui pense que le 1er stade de l'homme, celui de l'enfance est un état théologique : l'enfant a besoin d'être rassuré, il se sent en sécurité, il perçoit ses parents comme des divinités. pour A. Comte, on retrouve cette même relation à l'echelle collective entre la société et l'image de Dieu.
On pouvait bien sûr contre-argumenter en expliquant que la diversité du fait religieux mais aussi son absence (certains hommes "se passent" très bien de la référence à un dieu) seraient des indices confirmant le caractère social de la religion.
On pouvait s'interroger avec profit sur l'utilité sociale de la religion, voire son "utilisation" à des fins politiques (cf Durkheim, Marx).
Beaucoup d'entre vous ont ici utilisé le cours sur la culture, la thèse culturaliste (M. Mead) : la religion comme conditionnement social, absence de réflexion personnelle et finalement illusion d'une attitude naturelle.
Certains ont cherché à "synthétiser" les deux thèses, peut-être par désir de ne pas choisir !! (attention à ce type de réponse qui n'en est pas une !) : Il y aurait une "religiosité" inscrite en l'homme qui se développerait (ou non et sous des formes variées) en fonction du milieu, de la culture dans laquelle chacun évoluerait.
ce sujet devait vous inciter à réflechir à l'expression "être religieux" : on pouvait élargir son sens au delà des religions proprement dites : la sacralisation (d'un objet, d'une personne, d'un sport !) pourrait indiquer que l'esprit religieux au sens large, le besoin de croire, d'avoir des références supposées supérieures, de même le besoin de s'identifier à un groupe seraient constitutifs de l'homme.
Mais on devait aussi et surtout réflechir au terme "par nature" : Y at-il "une nature" de l'homme ? Une telle affirmation ne peut-elle pas se révéler dangereuse (cf travaux de groupes du début d'année, sur "qui pense ?" et référence au racialisme) ?
N'y aura t-il pas contradiction entre différentes manières de définir la nature de l'homme ? animal raisonnable, animal social, être de désir ?