L'EVOLUTION DES RAPPORTS SCIENCE-TECHNIQUE
L'origine grecque de la science
- La science comme recherche des causes :
A partir du Vème siècle avant J-C l'approche magique de la Nature va progressivement être remplacée par un approche que l'on peut déjà qualifier de scientifique. On note ainsi l'apparition d'un concept fondamental, le concept de "cause".
Dans un texte du médecin grec Hippocrate (Vème s. av. J-C), il est indiqué que les maladies ne sont pas d'origine surnaturelle mais ont une "cause " naturelle. Ce qui nous parait une évidence est en fait une étape décisive dans la constitution de ce que nous nommons "science".
En effet parallèlement à l'utilisation de rites et de sacrifices pour implorer la guérison, se développe sous l'impulsion d'Hippocrate (460-377 av. J-C) une médecine rationnelle basée sur l'observation et l'analyse des symptômes. Cette science naissante fait partie intégrante de la philosophie car elle repose sur son principe essentiel : Connaître le monde de façon rationnelle et renoncer à de pseudo-explications d'origine religieuse. Ainsi la médecine hippocratique ne se contente pas de mettre en cause telle ou telle explication magique mais elle les conteste toutes de façon systématique.
Il s'agit donc là d'une véritable révolution intellectuelle que l'on retrouve dans les autres sciences grecques telles les mathématiques ou l'astronomie et dont la science actuelle est le prolongement.
Pourquoi la science est-elle née en Grèce aux VI-Vè s. av. J-C ?
Cette question est difficile. Les historiens des sciences "externistes" pensent qu'on ne peut comprendre l'histoire des sciences et donc son origine que si on la relie aux conditions particulières "externes" (politiques, économiques etc) d'une époque donnée.
Ainsi pour le cas de la Grèce, on a pu constater que des conditions favorables se sont trouvées réunies pour la première fois en un même temps et en un même lieu. Ce serait là la cause de l'éclosion de la pensée scientifique et philosophique. Voyons quelles furent ces conditions :
a) Des conditions politiques :
Les historiens des sciences s'accordent à penser que c'est là le point essentiel.
Il y a une étroite parenté entre l'esprit scientifique et l'esprit démocratique. Or c'est à Athènes, cité démocratique, que s'est concentré le développement et l'échange de ces nouvelles connaissances. Dans une démocratie, la parole du chef ne constitue pas par elle-même une vérité qui ne souffrirait aucune opposition, au contraire d'un système autoritaire où la parole du chef est par nature "vraie".
Au contraire le système démocratique ne peut fonctionner que par l'échange constructif d'idées les plus diverses. Ceci suppose le développement de la pensée personnelle, la prise de parole, la capacité à exposer et à réfuter des arguments, l'exigence de preuves, l'esprit critique, autant de qualités qui sont aussi celles de l'esprit scientifique.
b) Des conditions économiques :
La Grèce est un pays de marchands donc d'échanges. Elle va recevoir ainsi de multiples influences (Mésopotamie, Egypte..) qui entre autres permettront d'alimenter la réflexion scientifique (observations astronomiques par ex.)
c) Des conditions culturelles :
Cette connaissance va être élaborée par des philosophes (rappelons qu'à cette époque sciences et philosophie forment un tout), c'est-à-dire des penseurs qui ont le goût de construire de vastes systèmes explicatifs et de risquer des hypothèses parfois hardies. Même si ces théories nous paraissent aujourd'hui arbitraires, elles obéissent toujours à un souci de rationalité et constituent bien une étape décisive et nécessaire au développement de la science.