Justice et Respect
Synthèse d’articles de Patrick Pharo, Sociologue
Le problème du don d’organe
Antinomie* de la Justice et du Respect. (* = opposition)
La première justification de la transplantation est thérapeutique, il faut sauver la vie d’un malade.
PRINCIPE DE JUSTICE
Raisonnement possible :
A n’a pas O. (organe) mais en a un besoin vital (par exemple un rein)
B possède O. mais n’en a pas un besoin vital (organe « en double »)
Alors A « peut » obtenir O.l'organe dont il a besoin.
le problème : le sens ici du verbe « pouvoir ».
le transfert est-il seulement « permis » ou est-il « obligatoire », la transplantation devient-elle un DEVOIR ?
2 cas concrets possibles :
le don par une personne vivante d’un organe « surnuméraire » (rein, moelle,…) : Consentement éclairé (pas de problème). En France, le don est limité à la famille proche pour éviter le « commerce ».
le don « par » une personne décédée : Consentement présumé.
Ici apparaît le deuxième aspect de l’antinomie = LE RESPECT
Respect du Corps : Respect de la Personne.
Respect du corps vivant : que l’on a pas le droit d’atteindre sans l’accord de la personne. (ex. : accord nécessaire de la personne pour faire un essai de nouveau médicament).
Respect du corps mort : signe de la mémoire (sépulture, hommages rendus) = Le corps a une valeur au delà de la matière.
Problème : Le prélèvement d’organes sur un corps mort (maintenu sous assistance respiratoire ou circulatoire) est-il respectueux de la personne ?
Respect sous entend Respect du choix, de la liberté donc de la Volonté de la personne.
Dans le cas du prélèvement d’organes, comment cette volonté s’exprime-t-elle ?
Actuellement, la volonté peut s’exprimer soit :
par une carte de donneur « volontaire » = choix exprimé du vivant du donneur potentiel.
Par une inscription au fichier des refus : même idée.
En cas d’absence de choix préalable, peut-on considérer que le consentement est présumé ?
C’est ce que dit la loi Caillavet. (1976)
Est-ce abusif ?
En effet, consentir à quelque chose c’est justement l’accepter en toute connaissance de cause, après information.
Or un consentement « présumé » sous-entend au contraire l’absence d’information. Peut-on alors réellement parler de « consentement » ?
Actuellement c’est la famille proche qui doit dire quelles pouvaient être les convictions de la personne au sujet du don d’organes …. Mais peut-elle le savoir si la personne n’a justement pas donné son accord explicite …
Dans ce cas, on favorise le Principe de Justice (sauver le plus de vies) au détriment du principe de Respect (respecter la volonté de la personne).
Solution : - Trouver un équilibre, une compatibilité entre les deux principes.
C’est difficile : Actuellement on privilégie le principe de Justice et on culpabilise (selon P. Pharo) ceux qui refusent le don à le Respect est alors présenté comme un frein à la transplantation.
Pour P. Pharo, il faut mener une information objective sur le sujet, présentant tous les points de vue (différent de la Propagande) afin que, progressivement les gens intègrent la nécessité du don et soient aptes à juger par eux-mêmes (différents des Décisions sous pression). C’est par exemple le but des conférences données par les associations, comme France-Adot, qui militent pour le développement du don d’organes. Voir le site de cette association.