"qui parle quand je dis je ?"
Plan possible :
I, 1 « Je » sujet pensant, le « cogito » cartésien.
La définition de l'homme » : la capacité de penser / et non le corps, soumis au doute. (Descartes)
La pensée = principe d'unité et d'unicité de l'homme :
Capacité à se distinguer des autres consciences en s'opposant à elles (Hegel)
« je » pense : sujet métaphysique, source de toute connaissance et de tout discours objectif sur le monde ( Logos : à la fois savoir et discours sur)
I, 2 Conséquence : quand je dis «je », c'est moi qui parle et moi qui pense (lien indissociable entre pensée et 1angage) : Pensée et parole libres ;
Expression de mes convictions, de ma personnalité : Socrate, Platon : Origines de la philosophie : recherche d'une pensée autonome, curieuse, esprit critique. Refus que les autres pensent et parlent à ma place (Malebranche, Kant « majorité »)
Transition : Mais malgré ses pouvoirs, cette autonomie de ma conscience n'est-elle pas illusoire ?
II, 1 Constat : II y a des actes que l'on fait dans lesquels on ne se reconnaît pas, qu'on a l'impression de subir mais pas de les avoir décidés.
Si la conscience ne peut en expliquer la cause, cela voudrait dire qu'il faut faire l'hypothèse d'une cause extérieure à la conscience : Hypothèse freudienne d'un inconscient psychique (conflits inconscients entre les interdits et les désirs-pulsions intériorisés).
Hypothèse permettant de répondre aux lacunes de la conscience. Donc quand je dis « je » c'est peut-être mon inconscient qui parle à mon insu.
II, 2 Cependant cette hypothèse conduit à admettre un dédoublement de l'homme : Un « je » est manipulé par un moi inconscient, cause voire excuse de nos actes (irresponsabilité)
Danger d'une telle hypothèse : Critique d'Alain , refus d'un « autre moi », selon lui il n'y a qu'un «je » c'est la conscience, la pensée, seule garantie de notre unité et de notre identité.
Refus d’un « je » intérieur et inconnu qui parlerait à la place du « je » conscient.
II, 3 Mais ce «je » ne peut-il pas ruser avec lui-même et avec les autres : Quand je mens, je suis triple : Celui qui sait une vérité, celui qui fait exprès de la cacher, celui qui fait semblant de dire le vrai aux yeux des autres. Cela pose le problème de la sincérité de la conscience avec les autres (difficulté de la relation aux autres) et avec elle-même : La mauvaise foi (Sartre). Ex du garçon de café : « qu'est-ce que je vous sers ? » ; dans cette phrase le « je » n'est pas celui de la personne mais du personnage qu'il joue. Donc quand je dis « je », ce n'est peut-être pas moi (ma personnalité réelle) qui s'exprime.
Transition : Mais même lorsqu'on croit être soi-même, est-ce bien nous qui nous exprimons ? Ne subissons-nous pas d'autres influences qui nous échappent ?
III, 1 Influence de l'éducation, « état de minorité » selon Kant où notre esprit est malléable, et s'imprègne des connaissances et valeurs de notre culture. Cet état est nécessaire et on n'en a pas conscience. Mais arrive-t-on vraiment à s'en dégager ? Selon Kant, il doit conduire à l'âge adulte (la « majorité » intellectuelle) ou l'homme est enfin capable de penser par lui-même Mais on ne se dégage peut-être jamais de notre éducation : On reproduit les « modèles » transmis par nos parents à notre insu. Le «je » reste l'expression des principes et les valeurs acquises dans l'enfance. Le « je » qui parle est celui de la culture (illusion d’autonomie de la conscience)
III, 2 Mais aussi influence de l'ensemble de la société, de notre culture. Elle parle à travers moi. Lien étroit entre la langue et la culture. On apprend à penser puis à « dire » le monde dans une certaine langue. Donc quand je dis « je pense ceci ou cela », en fait c'est la manière de penser propre à ma culture et à mon époque qui s'expriment à travers moi et là encore souvent à mon insu. Rôle également de la politique (ex : rôle de la propagande : ce que l'on veut me faire penser.).Illusion de pensée et de parole personnelles.